martes, 17 de marzo de 2020

Talleyrand

Talleyrand (Le Prince de). S'indigner contre.

G. Flaubert. Dictionnaire des idées reçues, en Oeuvres. Paris: Gallimard, 1975. Vol. II, p. 1022.

lunes, 16 de marzo de 2020

Je conviens

Je conviens, avec la réflexion et le souvenir de tout ce que je me rappelle de Talleyrand, que Rebwell n’était pas fort injuste à son égard en lui reprochant une fausseté perpétuelle et une servilité sans exemple. Pour achever de le peinare sous ce dernier rapport, Rebwell disait toujours: “C’est un laquais poudré de l’ancien regime: on en pourrait tout au plus faire un domestique de parade, s’il était mieux jambé: mais il n’a pas plus de jambe que de coeur.”

Mémoires de Barras. Paris: Hachette, 1896. Vol. III, p. 134.

jueves, 12 de marzo de 2020

D'anciennes gravures

D’anciennes gravures de l’abbé de Périgord représentent un homme fort joli; M. de Talleyrand, en vieillissant, avait tourné à la tète de mort; ses yeux étaient ternes, de sorte qu’on avait peine á y lire, ce qui le servait bien; comme il avait reçu beaucoup de mépris, il s’en était imprégné, et il l’avait placé dans les deux coins pendants de sa bouche.

Chateaubriand. Mémoires d'outre-tombe. Paris: Garnier, 1910. T. 6, p. 424

Avant la Révolution

Avant la Révolution, l’abbé de Périgord était un abbé mauvais sujet; il faisait partie, à peine sorti du séminaire de Saint-Sulpice, de l’état-major religieux de l’archevêque de Reims. On sait que cette troupe d’abbés était la plus élégante et la plus recherchée parmi tous les jeunes gens qui prenaient le parti de la carrière ecclésiastique. L’abbé de Périgord ne fit faute à sa renommée, et sa conduite répondit parfaitement à ce que les autres avaient annoncé. Mais M. de Talleyrand, dès cette époque, annonçait, lui, un homme supérieur à tout ce qui l’entourait… Et cette universalité dans les goûts, cette facilité dans tout ce qu’il faisait, prouvaient par avance qu’il serait un des hommes les plus distingués de son temps.

Duchesse d'Abrantès. Histoire des salons de Paris. Paris: Ladvocat, 1838. T. VI, p.2.

jueves, 5 de marzo de 2020

J'eus un rêve

J’eus un rêve : le mur des siècles m’apparut.
C’était de la chair vive avec du granit brut,
Une immobilité faite d’inquiétude,
Un édifice ayant un bruit de multitude,
Des trous noirs étoilés par de farouches yeux,
Des évolutions de groupes monstrueux,
De vastes bas-reliefs, des fresques colossales ;
Parfois le mur s’ouvrait et laissait voir des salles,
Des antres où siégeaient des heureux, des puissants,
Des vainqueurs abrutis de crime, ivres d’encens,
Des intérieurs d’or, de jaspe et de porphyre ;
Et ce mur frissonnait comme un arbre au zéphire ;
Tous les siècles, le front ceint de tours ou d’épis,
Étaient là, mornes sphinx sur l’énigme accroupis ;
Chaque assise avait l’air vaguement animée ;
Cela montait dans l’ombre; on eût dit une armée
Pétrifiée avec le chef qui la conduit
Au moment qu’elle osait escalader la Nuit ;
Ce bloc flottait ainsi qu’un nuage qui roule ;
C’était une muraille et c’était une foule ;
Le marbre avait le sceptre et le glaive au poignet,
La poussière pleurait et l’argile saignait,
Les pierres qui tombaient avaient la forme humaine.
Tout l’homme, avec le souffle inconnu qui le mène,
Ève ondoyante, Adam flottant, un et divers,
Palpitaient sur ce mur, et l’être, et l’univers,
Et le destin, fil noir que la tombe dévide.
Parfois l’éclair faisait sur la paroi livide
Luire des millions de faces tout à coup.
Je voyais là ce Rien que nous appelons Tout ;
Les rois, les dieux, la gloire et la loi, les passages
Des générations à vau-l’eau dans les âges;
Et devant mon regard se prolongeaient sans fin
Les fléaux, les douleurs, l’ignorance, la faim,  la superstition, la science, l’histoire,
Comme à perte de vue une façade noire.
Et ce mur, composé de tout ce qui croula,
Se dressait, escarpé, triste, informe. Où cela ?
Je ne sais. Dans un lieu quelconque des ténèbres. (...)

C’étaient des croisements de flamme et de nuée,
Des jeux mystérieux de clartés, des renvois
D’ombre d’un siècle à l’autre et du sceptre aux pavois,
Où l’Inde finissait par être l’Allemagne,
Où Salomon avait pour reflet Charlemagne;
Tout le prodige humain, noir, vague, illimité;
La liberté brisant l’immuabilité; (...)

Victor Hugo. La vision d'où est sorti ce livre, en La légende des siècles. Paris: Gallimard,1981. P. 8, 10

Now, that which is the subtle essence

Now, that which is the subtle essence—in it all that exists has its self. That is the True. That is the Self. That thou art, Svetaketu." "Please, venerable Sir, give me further instruction," said the son. "So be it, my dear," the father replied.

Chandogya Upanisad, VI, 8, 7

domingo, 1 de marzo de 2020

Une Étude du XVIII siècle


Une Étude du XVIII siècle où manquerait Rousseau et Voltaire ne serait pas plus incomplete que cette même Étude d’où serait absent Mirabeau. Il est la première grande figure qui ouvre l’ère des revolutions, qui traduit en discourse et en actes publics ce qu’avaient dit les livres; la première qui se dessine, en la dominant encore, dans la tempête. Aborder Mirabeau en plein serait une rude tâche, et il n’est pas de ceux qui se laissent prendre de biais et qu’on effleure. Aujourd’hui pourtant, grâce à un secours bienveillant, l’idée m’est venue de le ressaisir dans l’episode le plus Vaillant de sa jeunesse, dans cet épisode trop célèbre, sa liaison avec Sophie, et de m’en faire une occasion pour rassembler et rappeler quelques idées qui ne peuvent manquer de naître toutes les fois qu’on s’approche de cet extraordinaire et prodigieux personnage.

Sainte-Beuve. Mirabeau et Sophie, en Causeries du lundi. Paris: Garnier, 1926. Vol. IV, p. 1.

jueves, 27 de febrero de 2020

La composition des états généraux

La composition des états généraux rendant évidemment nuls les deux premiers ordres, il ne restait qu’un seul parti raisonnable à prendre, c’était de céder avant d’y être contraint, et quand on pouvait encore s’en faire un mérite. Par là, on pouvait empêcher que les choses ne fussent d’abord portées à l’extrême, on forçait le troisième ordre à des ménagements, on conservait le moyen d’influer sur les délibérations comunes, on gagnait du temps, ce qui souvent est tout gagner; et s’il y avait une chance de reprendre du terrain, ce parti était le seul qui l’offrît. Je n’hésitai donc point à me mettre au nombre de deux qui en donnèrent l’exemple.

Mémoires du prince de Talleyrand. Paris: Calmann Lévy, 1891. V. I p. 124.

miércoles, 26 de febrero de 2020

Aimant la vie du monde d'autrefois

Aimant la vie du monde d’autrefois, et telle que pouvait l’avoir un homme de sa condition et de sa qualité; aimant avec passion les femmes, le jeu, et tout ce qui constituait alors un homme à la mode, ce fut ainsi que 1789 trouva M. de Talleyrand. Il était trop habile pour ne pas comprendre que le vieil édifice croulerait peut-être bientôt: car il était violemment ébranlé. Aussi, une fois aux États-Généraux, prit-il le parti qui devait triompher. Les bénéfices dont il jouissait lui devaient être enlevés par la force des événements; et, selon lui-même, il convenait Vieux de les abandonner le premier (je dis toujours peut-être).

Duchesse d'Abrantès. Histoire des salons de Paris. Paris: Ladvocat, 1838. T. VI, p. 5-6.

lunes, 24 de febrero de 2020

Le poseur que Goethe n'étair peut-être pas naturellement

Le poseur que Goethe n'était peut-être pas naturellement, mais que ses admirateurs ont fait de lui en l'admirant trop, cachait soigneusement le creux de son être sous l'air olympien, comme Talleyrand, qui n'était pas moins creux, cachait le sien sous sa pose indolente et railleuse de grand seigneur blasé et qui en avait vu bien d'autres...
Il y a, en effet, beaucoup de ressemblance entre Goethe et Talleyrand, ces deux âmes de princes! Goethe est un Talleyrand littéraire, monté sur cravate aussi comme Talleyrand. Seulement, s'il avait la fameuse cravate qui faisait dix-huit tours, il n'avair pas de Talleyrand l'impertinence du port de tête et cet oeil fascinateur, a moitié clos, de la vipère languissante, parce que ce sont là des choses spontanées et naturelles que Talleyrand avait, -des dons de Dieu ou du diable!- et que rien n'est spontané et naturel dans Goethe, cet acteur d'opéra, toujours devant une glace, et don la pensée fixe fut, toute sa vie, d'ajouter à son education première et à ses effets de renommée.

Barbey d'Aurevilly. Goethe et Diderot. París: Lemerre, 1913. P. 60-61

viernes, 14 de febrero de 2020

Un jour de lueur

Un jour de lueur, M. Sainte-Beuve appela Goethe un Talleyrand littéraire, et il se repent maintenant de cette idée juste. La chassie de l'admiration a bouché ses yeux à tout éclair. Mais, alors, il avait raison. Oui! un faux air de Talleyrand jusque dans la pensée, voilà le trait caractéristique de cette physionomie de Goethe, lequel a eu plus de bonheur par ses défauts que par ses qualités, comme il arrive toujours, du reste.

Barbey d'Aurevilly. Goethe et Diderot. París: Lemerre, 1913. P.274

viernes, 7 de febrero de 2020

Sainte-Beuve n'aimait pas la discussion

Sainte-Beuve n'aimait pas la discussion, qui lui faisait rougir les oreilles et bégayer sa langue pointue, de colère de contrarieté... Dans ces avalanches du verbe de Diderot, le pauvre Sainte-Beuve n'aurait trouvé ni la place ni le temps de glisser une de ses anecdotes ou un de ses aperçus, qu'on n'aperçoit plus à quatre pas, tant ils sont fins. Diderot aurait trop rappelé Cousin à Sainte-Beuve, Cousin qu'il admirait respectueusement, mais à distance, craintif comme un lièvre devant ce bombardant philosophe. 

Barbey d'Aurevilly. Goethe et Diderot. París: Lemerre, 1913. P. 116

lunes, 3 de febrero de 2020

Molière, comme Shakespeare

Molière, comme Shakespeare, le sait ; comme ce grand devancier, il se meut, on peut le dire, dans une sphère plus librement étendue, et par cela supérieure, se gouvernant lui-même, dominant son feu, ardent à l'oeuvre, mais lucide dans son ardeur. Et sa lucidité, néanmoins, sa froideur habituelle de caractère au centre de l'oeuvre si mouvante, n'aspiroit en rien à l'impartialité calculée et glacée, comme on l'a vu de Goethe, le Talleyrand de l'art: ces raffinements critiques au sein de la poésie n'étoient pas alors inventés. Molière et Shakespeare sont de la race primitive, deux frères, avec cette différence, je me le figure, que dans la vie commune Shakespeare, le poëte des pleurs et de l'effroi, développoit volontiers une nature plus riante et plus heureuse, et que Molière, le comique réjouissant, se laissoit aller à plus de mélancolie et de silence.

Sainte-Beuve. Molière, en Oeuvres de Molière. Paris: J. Hetzel, 1869. P. 20.

En rentrant hier de la promenade

Valençay, 28 septembre 1834. - En rentrant hier de la promenade, nous avons trouvé le château rempli de visiteurs, hommes et femmes, venus en poste et visitant toutes choses en curieux. Le régisseur nous a dit que c'était Mme Dudevant avec M. Alfred de Musset ,et leur compagnie. A ce nom de Dudevant, les Entraigues ont fait des exclamations auxquelles je n'entendais rien et qu'ils m'ont expliquées c'est que Mme Dudevant n'est autre que l'auteur d'Indiana, Valentine, Leone Leoni., George Sand enfin!...  Elle habite le Berry, quand elle ne court pas le monde, ce qui lui arrive souvent. Elle a un château près de La Châtre, où son mari habite toute l'année et fait de l'agriculture. C'est lui qui élève les deux enfants qu'il a de cette virtuose. Elle-même est la fille d'une fillle naturelle du maréchal de Saxe; elle est souvent vêtue en homme, mais elle ne l'était pas hier. En entrant dans mon appartement, j'ai trouvé toute cette compagnie parlementant avec Joseph, pour le voir, ce qui n'est pas trop permis quand je suis au château. Dans cette occasion cependant, j'ai voulu être polie pour des voisins: j'ai moi-même ouvert, montré, expliqué l'appartement et je les ai reconduits jusqu'au grand salon, où l'héroïne de la troupe s'est vue obligée, a propos de mon portrait par Prud'hon, de me faire force compliments. Elle est petite, brune, d'un extérieur insignifiant, entre trente et quarante ans, d'assez beaux yeux; une coiffure prétentieuse, et ce qu'on appelle en style de théâtre, classique. Elle a un ton sec, tranché, un jugement absolu sur les arts, auquel le buste de Napoléon et le Pâris de Canova, le buste d'Alexandre par Thorwaldsen et une copie de Raphaël par Annibal Carrache (que la belle dame a pris pour un original) ont fort prêté. Son langage est recherché. A tout prendre, peu de grâces; le reste de sa compagnie d'un commun achevé, de tournure au moins, car aucun n'a dit un mot.

Duchesse de Dino. Chronique de 1831 à 1862. Paris: Plon, 1909. Vol I, p. 246-248